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4.2 Des villes dans l’au-delà

Les nombreuses villes de l’ici-bas mentionnées dans la Divine Comédie permettent de situer géographiquement les événements de l’existence des défunts à partir de la narration qu’ils en font pendant leurs échanges avec Dante. Elles constituent également autant d’occasions d’évoquer des souvenirs pour Dante personnage tout en permettant, en même temps, au lecteur de construire une géographie dantesque qui se déploie à travers son monde. 

À l’intérieur d’une niche architecturale, Béatrice accompagne Dante dans un demi-cercle d’âmes du paradis qui se tiennent sur le fond d’un ciel bleu étoilé. En-dessous figure l’épisode de l’enlèvement de Constance de Hauteville (1154-1198), qui se déroule en Sicile (Par. III). Dans la première représentation, on la voit sur le seuil du couvent, au milieu du groupe de soldats chargé de l’enlever, alors que, dans la deuxième, figure sa nouvelle résidence ainsi que le lieu de ses nouvelles fonctions de reine. Béatrice est tournée vers Dante car elle est en train de répondre à ses questions quant aux démérites de ceux qui, comme Costance, ne s’opposent pas de manière assez ferme aux violences qu’ils subissent (Par. IV). Les quatre octosyllabes contenus dans les cartouches blancs commentent la rupture violente du vœu, la condition des âmes du ciel lunaire et leur manque de volonté. Les trois xylographies présentent la même structure : la surface terrestre en bas et les cieux de la Lune et de Mercure en haut. Les deux premières relatent les épisodes de l’enlèvement de Constance de Hauteville et de Piccarda Donati (Par. III). Dante et Béatrice se tiennent debout entre la surface terrestre et le ciel et dirigent leur regard vers la Lune au centre, planète qui domine le premier ciel paradisiaque, où sont hébergés les esprits dotés d’une volonté défaillante. Dans la troisième xylographie, Béatrice conduit Dante dans le ciel de Mercure, où siègent les esprits qui ont recherché la gloire terrestre. La divinité porte le caducée et se tient debout au centre du ciel, alors qu’en bas ont lieu les luttes acharnées pour la succession au pouvoir, telles que Justinien, empereur de 527 à 565 apr. J.-C., les raconte à Dante (Par. VI), et telles que le poète peut les observer entre factions de l’Église et de la Papauté.