4.1 Les châteaux et les murailles infernaux

En plus des frontières naturelles, comme les ravins, les montagnes et les cours d’eau, des architectures solides délimitent les espaces de l’Enfer en cloisonnant ses différents secteurs et en séparant les âmes qui les occupent.

La première page contient une enluminure de l’épisode de la rencontre des poètes antiques (Homère, Horace, Ovide et Lucain) devant les remparts du noble château (Enf., IV, v. 106) alors que, dans les deux autres représentations, Dante et Virgile se tiennent devant les remparts de la ville de Dis. Différentes interactions ont lieu entre les personnages dans les deux premières images : entre Virgile et Homère, qui prend la parole pour accueillir élogieusement les deux poètes au nom du groupe ; entre Virgile et Dante qui craint de franchir le seuil de Dis, alors que son guide lui montre la direction à suivre. En revanche, dans le marginalium, Dante et Virgile assistent en silence à l’arrivée du messager céleste, qui brandit un bâton et le dirige droit devant lui, en direction de la porte encore fermée de Dis.

La Nova espositione par Alessandro Vellutello, qui contient l’interprétation du texte de la Divine Comédie publiée par Marcolini à Venise en 1544, constitue une nouveauté dans la dantologie du début du XVI^e siècle, au sein de laquelle étaient majoritairement utilisés le texte établi par Bembo et les commentaires de Cristoforo Landino. Dans les deux xylographies, selon la même perspective aérienne, on représente la ville de Dis avec les arches des hérétiques à gauche. La cité infernale est ceinte d’une muraille circulaire, contournée par les eaux du marais stygien. Plusieurs épisodes se déroulent dans ces deux gravures : Dante et Virgile sont transportés par Phlégias, puis ils se tiennent devant les portes de la ville, qui sont barrées par des diables et des furies jusqu’à l’arrivée du messager céleste, enfin Dante échange avec Farinata degli Uberti et Cavalcante De’ Cavalcanti, suivi de près par Virgile (Enf. X).